Les affections du bas appareil urinaire (urètre et vessie) sont une pathologie fréquente chez le chat. On les désigne sous le nom de S.U.F.
(syndrome urologique félin). Leurs conséquences peuvent être très graves et leurs causes sont diverses : calculs (encore appelés urolithiase),
infection bactérienne, tumeurs vésicales, malformations anatomiques. Parfois, on ne parvient pas à déterminer la cause de la cystite
(on parle de cystite idiopathique) : c'est le cas de près de 2/3 des chats.
En ce qui concerne les calculs urinaires (urolithiases), et
le SUF en général, certains facteurs de risque ont été identifiés :
- Le sexe : en raison de l'anatomie de leur urètre, les chats
mâles présentent un plus grand risque d'obstruction.
- Le régime alimentaire : une alimentation trop riche en
magnésium ou en phosphore (ce qui est souvent le cas des aliments dits
standards ou bas de gamme), à l'origine d'une urine à pH trop basique ou trop
acide, favorise la formation et l'accumulation de calculs. L'urine du chat en
bonne santé contient naturellement des cristaux en quantité variable. Si le pH
de l'urine est anormal, ces sédiments urinaires vont précipiter et former des
calculs.
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Le chat est un animal qui boit peu : les urines sont très
concentrées, les sédiments sont donc moins fréquemment
éliminés.
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La sédentarité : les chats qui manquent d'activité semblent
souffrir du SUF plus souvent que ceux qui prennent de l'exercice
régulièrement.
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L'âge : le SUF concerne les chats de tous âges, mais il est
plus fréquemment observé chez des animaux de 2 à 5 ans.
Les différents types de calculs
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Les calculs de struvite (ou calculs
phospho-ammoniaco-magnésiens) : ce sont les calculs les plus fréquemment
rencontrés chez les chats atteints de lithiases urinaires. Ces calculs
apparaissent lorsque l'urine est trop basique, très concentrée (c'est-à-dire
dont la densité urinaire est très élevée) et saturée en ions ammonium,
magnésium et phosphate. Les femelles sont plus atteintes que les
mâles.
Ainsi, les chats qui boivent peu ou qui sont nourris avec des
aliments riches en magnésium et en phosphore (ce qui est souvent le cas des
aliments dits standards ou bas de gamme) ont plus de risques d'avoir des
calculs urinaires.
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Les calculs d'oxalate de calcium :
ils sont moins fréquents. Leur formation dépend de nombreux facteurs : un
excès de calcium dans l'urine, des problèmes génétiques, familiaux ou
individuels, une urine trop concentrée avec une saturation de l'urine en
minéraux, une urine acide (ce qui est généralement le cas de tous les
carnivores)… Les mâles sont plus atteints que les femelles et les chats
Persans sont plus touchés par rapport aux autres races de chats.
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Les autres catégories de calculs : elles sont beaucoup plus
rares. Il s'agit des calculs d'urate, de cystine, de phosphate de
calcium…
Les symptômes
Le chat va très fréquemment uriner, et les mictions
sont douloureuses (le chat se plaint et pousse des miaulements de
souffrance). Parfois le chat commence à uriner en dehors de ses lieux habituels,
hors de la litière. On peut noter la présence de sang dans l'urine (hématurie).
La malpropreté est souvent un motif de consultation chez le chat, animal réputé
propre.
Les difficultés à uriner peuvent devenir
impossibilité. Le chat fait des efforts infructueux pour uriner. Son
état se dégrade rapidement : abattement, anorexie, puis prostration. Son abdomen
devient très douloureux. Ne pouvant plus éliminer son urine, il s'intoxique avec
ses propres déchets. Il présente les symptômes d'un chat insuffisant rénal. En
quelques heures il peut mourir de coma urémique. C'est une urgence
absolue, car même si le chat survit, les dommages influgés au rein
peuvent être irréversibles.
Le traitement
Le traitement d'urgence consiste à « déboucher » le chat,
c'est-à-dire à enlever le calcul ou le spasme inflammatoire douloureux qui bloque l'urètre. Pour cela, le vétérinaire
anesthésie le chat et réalise un sondage urinaire. Il laisse ensuite la
sonde urinaire en place pendant quelques jours afin de vidanger la
vessie et de la rincer pour évacuer tous les calculs de petite taille présents
dans la vessie.
Souvent, le chat est aussi perfusé afin de
relancer la production d'urine et de lutter contre les désordres
hydro-électrolytiques et l'insuffisance rénale aiguë dus à l'obstruction.
Un traitement médical est aussi mis en place. Des analgésiques sont prescrits
en premier lieu (antiinflammatoires et morphiniques) ainsi que des spasmolytiques urinaires
luttant contre les spasmes urétraux douloureux.
Enfin, si les calculs en cause sont des calculs de struvite,
des mesures diététiques sont prises afin de dissoudre ceux-ci. En effet, il faut
alors donner au chat un aliment de prescription spécial pendant
un à deux mois pour que tous les calculs restant dans la vessie soient dissous.
En revanche, il n'est pas possible de dissoudre les cristaux d'oxalate de
calcium et une intervention chirurgicale (cystotomie) est parfois nécessaire
pour les retirer de la vessie.
En cas de récidives fréquentes des calculs et
de l'obstruction, une intervention chirurgicale devient nécessaire quel que soit
le type de calculs. Il s'agit d'une urétrostomie qui consiste à éliminer la
partie la plus étroite de l'urètre où l'obstruction se situe habituellement.
Pour cela, il faut amputer le pénis et ramener la portion la plus profonde de
l'urètre vers l'orifice génital, ce qui permet au chat d'uriner par ce trou.
La seule prévention d'une récidive réside dans l'utilisation d'un aliment spécial, fabriqué par plusieurs laboratoires. Nous n'avons quasiment jamais
observé de récidives sur les chat exclusivement nourris avec cet aliment. Il sera prescrit en croquettes ou en boites suivant la nature du calcul
observé en laboratoire. Certains chats nécessitent de manger cet aliment toute leur vie. L'expérience montre que cela ne semble pas leur poser un
problème majeur...